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Uber: face au mur d'une révolution mondiale
2,60 €: c'est le tarif horaire auquel il va bientôt falloir accepter de travailler, si nous laissons se développer l'uberisation du travail telle qu'elle se pratique sur certaines plateformes de microjobs.

Oui, vous avez bien lu: 2,60 € de l'heure. Et sans protection sociale!

Donc, vous, moi, et bientôt eux aussi, les "uber-employeurs", nous travaillerons tous à un SMIC horaire de 2,60 €.
Soit à peine plus que 25% du taux horaire brut légal qui est de 9,67 €.
26.887% pour être exacte.

4 fois moins que le SMIC: réalité de l'uberisation

Calcul fait sur le montant du paiement du service (le micro-job), ramené au temps de travail minimum nécessaire pour produire ce service.
Et encore: je n'ai pas déduit ni la commission de la plateforme de micro-emploi, ni la TVA, prélevées sur chaque transaction. Ni les frais bancaires associés.

Silence sur le nom de ces plateformes.
Manquerait plus de faire la promotion d'un système que je dénonce: l'exploitation du travail et la ruine de l'économie, grâce à la bêtise de ceux qui l'alimentent, tout en étant les premiers concernés des conséquences qui en découlent.

Le taux usuel remplace le taux légal du SMIC

Je prends en référence le taux horaire brut du Salaire Minimum légal, à bon escient.

Car avec le modèle économique façon Uber, chacun devra prendre à sa charge l'ensemble des protections sociales dont il bénéficie aujourd'hui. En n'ayant même pas les sous pour payer le chauffage, le manger, et un toit sur la tête.
Les économiquement plus fragiles seront en tête de liste.
Salut Maurice: tu viens manger à la maison ce soir? J'ai fait de soupe à la semelle de cuir, et de la purée à la sciure de bois. Pour le dessert, on pourra renifler les p'tites friandises du rhume qu'on n'a pas les moyens de soigner.

Hello les copains, on se réveille...

En effet, le système de ces plateformes de petits boulots pour clochards de l'emploi, ne prévoit pas d'acquitter les charges sociales qui assortissent toute feuille de salaire digne de ce nom. Et tout contrat de travail honorable.

Lesquelles charges sociales financent:

  • une couverture santé (déjà menacée par un déficit majeur),
  • nos retraites (pas la peine de s'étaler hein?),
  • toutes les allocations que chaque bon français uber-employeur trouve toujours insuffisantes: chômage, aide au logement, etc.
  • le financement de la formation continue permettant une reconversion à beaucoup d'entre nous quand ils n'y a plus d'horizon professionnel,
  • la construction et l'entretien des réseaux de transport, des routes
  • les édifices publics,
  • l'entretien du patrimoine,
  • les associations,
  • l'éducation et la culture,
  • la sécurité et la lutte anti-terroriste,
  • les fonds d'indemnisation des victimes,
  • le fond de solidarité des salariés quand un employeur ne paie plus les salaires (le plus souvent faute de rentrées d'argent)
  • et j'en passe!

Le travailleur français plus esclavagiste que le pire des employeurs panaméens?

Dommage de devoir rappeler tout ça, à ceux de nos concitoyens qui révèlent une âme de capitaine d'industrie digne d'un roman de Balzac ou de Victor Hugo.
J'ai été en voir quelques-uns, de ces sites où on vous fait faire tout, jusqu'aux jobs les plus pointus, pour quelques malheureux euros.

Et je suis restée estomaquée...

Des salariés-employeurs, sans pitié pour leurs uber-salariés

Estomaquée de voir tant de nos français aussi aveugles de ce qui se passe.
Ce qu'ils permettent en alimentant eux-même ce modèle.

Alors que tous, sans exception, se plaignent de la destruction des emplois en France, de conditions de rémunération du travail en constante dégradation, descendent dans les rues pour défendre le "code du travail", invectivent les politiques sur les réseaux sociaux.

Estomaquée de voir nos français si peu respectueux de la valeur du travail des autres, quand ils défendent avec tant d'âpreté la valeur de leur travail à eux.

Ces français-là, ces salariés et étudiants, ces adorateurs des plateformes de micro-job et d'ubérisation du travail, sont les premiers à favoriser une relation de travail totalement perverse, inéquitable, injustement rémunérée.
Alors même qu'ils dénoncent les déséquilibres du marché du travail et de l'économie, chaque jour de leur vie.

L'esclavagisme en vente libre

Estomaquée de constater que tant de nos français, ceux qui ne cessent pas de hurler et prendre à parti nos politiciens, contre la destruction  du code du travail, contre le capitalisme ultra-libéraliste, ceux-là même sont les pires souteneurs-employeurs, du dangereux virage que l'uberisation fait prendre à nos sociétés:

  • l'esclavagisme en vente libre,
  • la destruction de ce qui reste de tissu économique viable en France.

À quand l'opération de chirurgie traumatologique ou le traitement du cancer au tarif du timbre poste?
À quand la survie de votre enfant emmené aux urgences, conditionnée par le manque d'équipement et de personnel que les hôpitaux ne pourront plus se payer?
En admettant qu'il reste un peu d'essence dans le camion du SAMU pour l'y emmener, votre petite fille ou votre petit garçon, aux urgences.

Nous sommes déjà aux portes du drame d'un système de santé qui ne répond plus présent.
D'un modèle de société promis à une faillite imminente, pour avoir tenté de maintenir toutes nos protections face aux tsunamis répétés de la mondialisation.

Alors réveillons-nous: cessons de scier la branche sur laquelle on est assis.
Cessons d'autoriser le développement de ces plateformes du sous-emploi sous-rémunéré, en les utilisant.

Société juste, équitable: d'abord des citoyens conscients

Bien sûr, on pourrait attendre de nos politiques qu'ils règlent le problème, comme toujours.
Comme trop souvent, en fait.

Car à un moment donné, la sécurité et la protection portées par une société plus juste, plus équitable, elles commencent par des citoyens conscients des conséquences de leurs comportements.
Pas des décisions des dirigeants politiques.
Ni même des employeurs "normaux" devant faire face à une concurrence rendue déloyale par le salariat lui-même.

J'en viens à les plaindre, ces politiques que je fustige si souvent. Enfin, pas tous: il y en a que j'applaudis pour leur engagement et leur intégrité - des locaux.

Dérives politiques pour citoyens déviants

Nos politiciens, il faut le reconnaître, tentent tant bien que mal de mettre en place des garde-fous aux dérives naissant de l'attitude de certains, à un rythme rendu toujours plus effréné par le développement hystérique des technologies.
Sans fous du volant, serait-il besoin de coller des radars partout?

Pour protéger le modèle français face à nos propres schizophrénies sociétales, ils ne disposent que de la lourdeur administrative imposés par la démocratie et la liberté de débat.

Pas étonnant de voir surgir les mots "ordonnance" et "décret" dans la bouche des candidats à la présidentielle 2017.
Ni de voir les lois passer en douce, pendant qu'on est tous en vacances, ou occupés par le dernier attentat tenant la Une des medias pendant 3 semaines.

Quand la démocratie est promise à la dictature

Le 49/3 est promis à de beaux jours, pour tenter de préserver les restes de notre économie - ne parlons même pas de la redresser - face à l'uberisation du travail à bas coûts de main d’œuvre, et désengagée du rôle social que l'emploi et les employeurs occupent.

Avec des uber-employeurs issus du salariat, sans la moindre once de cette conscience sociale qu'ils revendiquent pour eux-mêmes,  ou des travailleurs qui se prostituent pour le seul bénéfice de ceux qui tiennent les rênes de l'uberisation, nos dirigeants politiques, pour tenter de nous protéger du Monde et maintenant de nous-mêmes, n'auront pas d'autre choix que:

  • dilapider totalement le capital "Code du Travail"
  • réduire les protections sociales au strict minimum, en augmentant les fractures,
  • recourir à des méthodes plus proches de la dictature que de la démocratie.

Français, françaises, à vos actes!

Français, françaises, mes chers concitoyens, je ne vous appelle pas aux urnes.
Je vous appelle à vos actes, à la conscience de vos choix au quotidien et de ce qu'ils entraînent pour nous tous.
Pour faire de la France ce que vous voulez qu'elle soit pour vous.
Un pays où l'on a conscience du prix de la vie quotidienne, donc de la valeur que le travail doit avoir, au minimum.

Ne vous laissez pas avoir par la vision pernicieuse d'un monde uberisé.
Ne devenez pas les Thénardier d'un système de Misérables, qui ne demande qu'à vous engloutir, vous aussi, quand il n'y a aura plus de Cosette à exploiter.
Pas parce qu'elles auront été sauvées par un Jean Valjean.
Mais parce qu'elles seront toutes SDF et n'auront plus accès à internet.

Ou alors, inventons tous ensemble, tout de suite, ce monde où l'argent n'existe plus.
Car c'est la seule alternative au mur que l'uberisation est en train de dresser entre vous, et votre bien-être.